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Des rencontres enrichissantes 

Notre voyage fut rythmé par les rencontres et interventions de quatre spécialistes dans les domaines de la géographie, biologie, géographie culturelle, tourisme et écologie. 

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Introduction générale de Lisbonne avec Herculano Cachinho et Carlos Neto

 

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Notre voyage a débuté à l’IGOT, Instituto de Geografia e Ordenamento do territorio de l'Université de Lisbonne, avec une introduction générale sur la ville et son passé. Cette conférence animée par Herculano Cachinho, s’est portée sur la géographie de Lisbonne et les dynamiques de transformation de la ville dans le temps. 

 

La ville de Lisbonne s’est développée de deux manières différentes entre le centre historique et sa banlieue, les liaisons entre ces deux espaces étant à ce moment inexistantes. Le développement de la ville s’est d’abord fait depuis la Baixa jusqu'au XVIe siècle, puis la ville s’est étendue vers l’ouest le long du Tage et vers le nord. C’est au XIXe siècle que la ville va croître de manière importante, se modernisant après les années 80. 

 

Situation de la ville aujourd’hui

Le poids de la ville et son aire métropolitaine dans le pays 

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Cependant, la ville centre perd des habitants depuis les années 50 au profit de son aire métropolitaine (2 800 000 habitants), entraînant des trajets pendulaires toujours plus importants (925 959 trajets domicile-travail pour 547 733 habitants dans la ville centre en 2015). Entre 2015 et 2016, la ville compte 4 secteurs d’activités principaux, le tourisme (15,2%), le commerce (14,1%), la construction, l’immobilier et les secteurs créatifs (7,8%) qui sont localisés au centre, centre-ouest de la ville. 

 

 

La ville dans sa région métropolitaine

 

Les grandes villes peuvent se développer sur un cycle de vie en 4 phases = urbanisation, suburbanisation, désurbanisation et ré-urbanisation. 

La ville de Lisbonne a quant à elle commencé un nouveau cycle d’urbanisation. Ayant perdue 200 000 habitants en 50 ans (-55% de la population en centre ville entre 1981 et 1991), la banlieue commence à se développer dès les années 2000, entraînant également de nouvelles dynamiques pour la ville centre. Au temps de l’URbanisation, la ville intervient fortement sur ses espaces publics, à la manière dont cela s’est fait dans les années 50 en Europe (Allemagne, Italie, France), l’espace public se pare de grandes avenues et places centrales, le tout est ordonné et monumental, cherchant à embellir l’image de la ville. Les fonds publics alloués à la rénovation concernent les bâtiments historiques, le commerce traditionnel, les espaces publics et culturels, les transports et le stationnement. Le Plan Avenidas Novas (1874-1909), en est un bel exemple avec la création d’une promenade publique menant au parc Eduardo VII, participant à la nouvelle image de la ville.

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    Durant la période de SUBurbanisation, le développement se concentre en première couronne dans les années 60-70. Deux processus se mettent alors en marche, l’exode rural et le 1er plan d’aménagement de l’aire métropolitaine. Ce plan d’aménagement (années 80) se compose de grands ensembles associés à une production de lotissements clandestins (commune de Odivelas). La suburbanisation se caractérise également par la création de gated communities, quartiers sécurisés et grands espaces verts loin du centre ville. Cette nouvelle étape de l’évolution de Lisbonne tend à la fragmentation de l’espace par le captage des activités urbaines en périphéries, un processus de récupération fonctionnel et social. La banlieue Lisboète est donc un espace où l’on retrouvait généralement les populations ouvrières au nord de la ville non loin des industries; vers Cascais à l’ouest, s’est établie la bourgeoisie jusque dans les années 90. La banlieue Lisboète est cependant devenue aujourd’hui un espace urbanistique et social très hétérogène.

 

Lisbonne n’est pas passé par la phase de désurbanisation, laissant souvent des immeubles vides vacants tout en construisant du neuf à côté pour bénéficier de coûts plus avantageux. Ce vide urbain est par la suite devenu un problème rencontré dans de nombreuses municipalités voisines à la capitale, étant autonomes, ces villes avaient peu de moyens d’action sur ce phénomène.

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Ce temps du RE se traduit par la densification (extension avec l’ajout d’un niveau supplémentaire, espaces “in-fill”) et la destruction (vieillissement et inadaptation des structures bâties) de territoires en ville centre, puis par la production de nouveaux tissus urbains en périphérie (délocalisation des activités). La ville cherche à revitaliser tous les espaces comme c’est le cas pour les Docas de Alcântara où les anciennes usines sont aujourd’hui dédiées à d’autres usages en rapport avec le développement du tourisme. Parques (le Parc des Nations) devient le nouveau centre économique en développant des activités plus adaptées à la société de consommation. Dans le même temps, des fonds privés rénovent des bâtis afin de les dédiés au tourisme, entraînant une hausse des prix du foncier et une offre disproportionnée pour les Lisboètes qui rencontrent de plus en plus de mal à se loger dans la ville centre. 

 

Le grand Lisbonne

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Lisbonne s’organise aujourd’hui avec 11 autres municipalités sur l’élaboration d’un plan stratégique commun et de différents projets. Le grand Lisbonne doit aujourd’hui répondre à des défis majeurs comme le devenir de la ville inclusive, la problématique du tourisme, la reconversion de la base économique de la ville vers les métiers de la création, du digital, de la culture. La ville veut attirer de nouveaux savoirs et pense la région sur un modèle national qui cherche à réguler la privatisation. 


 

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Visite du Parc des Nations avec Diogo Gaspar Silva

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C'est à 9h30 que nous retrouvons Diogo Gaspar Silva à la gare d'Oriente le jeudi 5 mars afin qu'il participe avec nous à la visite du Parc des Nations. 

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En 1986, Lisbonne fait l’objet d’une grande politique d’aménagement régionale pour revaloriser le territoire à travers de la rénovation urbaine. Celle-ci s'inscrira dans le cadre de l’organisation de l’exposition universelle, aménagée sur une ancienne base portuaire construite dans les années 30 (elle était affectée au montage d’hydravions situés à l’est, au niveau des quais du quartier Olivais). Cet espace reflétait bien l’état d'abandon des berges du Tage à l’époque, dotées d’installations dangereuses et polluantes pour l’environnement comme une raffinerie de pétrole, le stockage de citernes de gasoil, un abattoir, une décharge, ... Le parc des nations est donc construit sur 50 hectares, le but étant de réhabiliter les docks et tourner la ville davantage vers l’est par la construction du plus grand pont d’Europe (à l’époque), le pont Vasco de Gama de 12 km de long.

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Cette opération portée par une société publique créée pour l’organisation de l’évènement, la Société publique de planification Parque Expo 98 S.A. s’inscrit dans un projet plus vaste de réaménagement européen. Il se traduit par la création d’un quartier structurant pour la ville pour faire migrer les dynamiques du centre vers le Tage et, d’autre part, produire une visibilité à l’échelle internationale de Lisbonne, comme métropole européenne en créant un quartier d’affaires.

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L'enjeu principal du quartier est de produire de nouveaux usages sur un quartier en reconversion. Les bâtiments d’intérêts architecturaux ainsi que la gare ont été construits entre 1993 et 1998 et constituent la première phase de construction du parc. Les équipements, les bureaux et les immeubles sont construits dans une deuxième phase pour former le quartier que l’on connaît aujourd’hui. La planification fut conduite par Manuel Salgado, célèbre architecte et urbaniste portugais. Ce projet produit des retombées immédiates positives avec la création d’une nouvelle culture urbaine, de nombreux visiteurs du monde entier, un développement de l’emploi local, des recettes fiscales, et la production d’un nouveau quartier avec des espaces publics appréciés des habitants.

Sur le long terme, les retombées manquent de transparences car aucunl bilan n’a été effectué par les principaux investisseurs (Union Européenne, Etats, BIE) du projet dans les années 2000. Cependant, la politique de reconversion des bâtiments après l’exposition est efficace. Le parc fermé le 30 septembre 1998, rouvre ses portes en février 1999, avec les nouvelles fonctions des bâtiments. 

Ainsi, l’entrée principale devient un centre commercial, le centre Vasco de Gama ; le pavillon principal de l’exposition devient le lieu de la Foire Internationale de Lisbonne ; le pavillon de l’Utopie devient le pavillon de l’Atlantique, salle polyvalente et salle de spectacle ; le pavillon de la connaissance des mers devient le pavillon de la connaissance, un musée scientifique et pédagogique ; le pavillon du futur devient le Casino de Lisbonne. Le pavillon de la réalité virtuelle fut fermé en 2002 et par la suite détruit. Toutes les parcelles foncières libres sont ensuite vendues pour construire des bureaux où beaucoup de sièges sociaux de grandes entreprises se sont installées et des immeubles de logements où 25 000 personnes logent.

 

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Trame verte avec Jorge Capelo

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Notre rencontre avec Jorge Capelo s'est quant à elle déroulée le vendredi matin pour initier ce dernier parcours conçu autour des enjeux environnementaux. C'est au Parc Eduardo VII que nous avons retrouvé le biologiste. 

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Créé à la fin du 19e siècle comme une extension de l'​Avenue de la Liberté​, le parc Eduardo VII a été dessiné par l’architecte Francisco Keil do Amaral et abrite aujourd’hui des végétaux dont l’existence est particulièrement ancienne. â€‹Il est le point de départ du corridor vert principal de Lisbonne mesurant 2,5 km jusqu'au Parc naturel Monsanto. Ce cheminement écologique est piéton et cyclable, la ville souhaitant favoriser les modes de transports doux.

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La ville de Lisbonne a donc entrepris une série de mesures dans le cadre d’un plan directeur de développement approuvé en 1993 et d’un plan d’action (plan vert faisant partie intégrante du plan directeur), partant d’un diagnostic interdisciplinaires des dégradations. Elle s’est axée, entre autres, sur des objectifs environnementaux qui ont permis la mise en place de nouvelles infrastructures vertes et de solutions inspirées de la nature. Créer de nouveaux espaces verts et les relier par des corridors verts a été l’une des priorités de la municipalité. Entre 2009 et 2017, environ 190 ha de nouveaux espaces verts ont été créés, répartis sur un total de 6 corridors verts.

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Le Parc Eduardo VII, en plus d’être la porte d’entrée du corridor, n’a pas comme seule fonction d'être un “espace vert public”. Il réunit d’autres activités de loisirs telles qu'un club de tennis, des restaurants, ou encore les serres. C’est un espace récréatif où l’histoire fait également partie du décor grâce au monument du 25 Avril (commémorant la révolution de 1974) et au Pavillon Carlos Lopes. Créé en 1976 et inauguré en 2012, le corridor vert englobe 51 ha d’espaces verts dont des jardins familiaux comme celui de Campolide, des zones de productions agricoles comme le Parc Quinta Do Zé Pinto qui organise des visites scolaires et propose des activités ludiques en rapport avec l’écologie (plantation d’arbustes, de plantes; de fleurs...).

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Les effets positifs des infrastructures vertes ne sont pas uniquement environnementales mais aussi sociales. Dans leur rôle de lutte contre le changement climatique, les espaces verts permettent de pallier la très forte propension aux inondations de la ville de Lisbonne à l'aide de bassins de rétention des eaux de pluies. Ils accueillent la biodiversité et agissent comme des îlots de fraîcheur de par la présence de végétaux et d’eau, améliorent la qualité de l'air; ils garantissent un continuum écologique. Cette croissance verte est donc essentielle pour l'adaptation de Lisbonne aux changements climatiques.

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La ville cherche également à développer l'éducation en matière d'environnement. Face à ces jardins a été créée une ferme pédagogique : la ferme Quinta do Zé Pinto. C’est une initiative de l'Association nationale des producteurs de céréales, avec le soutien de la mairie de Lisbonne. Ce projet vise donc à rendre la campagne à la ville de Lisbonne et à fournir à la population, en particulier aux enfants, un contact avec le monde rural.

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