Comment Lisbonne joue de sa topographie ?

 

Située au sud-ouest du Portugal, Lisbonne en est la plus grande ville, à la fois capitale économique et administrative. Surnommée la ville aux sept collines : son relief important en fait l’une des capitales européennes les plus atypiques. En effet, la construction d’ascenseurs urbains et de funiculaires a été nécessaire pour faciliter les déplacements verticaux. Lisbonne est une ville où la modernité côtoie l’histoire comme l’illustre parfaitement son tramway en circulation depuis 1873. Cette ville est caractérisée par un ordonnancement urbanistique mêlé à du désordre du fait de sa topographie et les diverses époques qu’elle a connu.

​

Le centre historique de la ville se situe dans la partie basse de la ville, la Baixa, les déplacements verticaux sont assurés depuis la gare de Rossio ( datant de 1886, et desservant la ville et les quartiers suburbains), mais aussi par des funiculaires ( ascensor de Gloria, 1885, par l'ingénieur Raoul Mesnier du Ponsard), des ascenseurs urbains (Santa Justa, 1902, 45m de haut) et des tramways. Les tramways historiques ( les Remodelados) sont apparus à Lisbonne au milieu du XXe siècle et déservent la partie basse de la ville. Grâce à des améliorations dans les années 90, ils sont toujours en circulation dans la capitale. Les autres parties de la ville sont desservies par des tramways plus modernes et rapides, les Articulados. 

Tous ces moyens de transport et déambulation sont aujourd'hui encore accessibles, bien que les plus anciens et atypiques soient pris d'assaut par les touristes et participent aujourd'hui à la mise en tourisme de la ville. Les Lisboètes disposent d'un réseau de tram très développé ainsi que d'escaliers mécaniques (Escadinhas da Saude, 2018) et du métro pour faciliter leurs déplacements au sein de la ville mais aussi en périphérie. 

​

La ville a dû adapter ses aménagements à son relief pour faciliter les déplacements quotidiens des Lisboètes, son réseau de transports est à la fois historique et moderne et relie l'ensemble des espaces de la ville. 

​

​

​

​

​

​

Pourquoi parle-t-on de reconquête ? 

​

C’est au XVe siècle que la ville de Lisbonne connaît une période d'expansion, fondée sur le développement maritime en devenant l’un des ports marchands

les plus importants du monde. 

À la fin du XIXème siècle, la construction du port et de ses décharges ainsi que l’installation de nombreuses industries sur les berges du Tage ont conduit la capitale à être séparée physiquement de son fleuve. En parallèle, la construction d’infrastructures ferrées majeures a renforcé cette fracture industrialo-portuaire, conditionnant le développement de la ville vers le nord du territoire.

​

C'est en 1992 que la municipalité prévoit de renforcer l'attractivité de son territoire via le plan stratégique directeur municipal, qui mise également sur la présence du Tage. Le plan prévoit donc une politique de reconquête des berges, structurée autour d’espaces publics, de grands équipements rayonnants et d’infrastructures de transport multimodales. Via ces aménagements, la collectivité ne souhaite pas uniquement lier physiquement la ville au Tage, elle prévoit de créer une véritable intensité urbaine.

​

Avec cette nouvelle politique, l’objectif est de redonner à ces dernières un accès au grand public. Le lien avec le Tage ne concerne plus que les activités occupant les berges, mais l’ensemble de la ville et de sa population. La réhabilitation des berges par l’aménagement d’espaces publics prend alors tout son sens.

Le symbole de cette volonté de reconquête s'affirme également au sein du Parc des Nations choisi comme lieu d’accueil de l’exposition universelle de 1998. 

​

Ainsi, le renouvellement de la ville sur elle-même s'opère en rendant la ville à son fleuve, les activités industrielles se déplaçant toujours plus loin pour laisser les centres aux habitants et aux touristes. Cette reconquête est une mise en abîme de la ville tout en développant de nouveaux usages plus en accord avec nos sociétés contemporaines. De plus, l'attention toujours plus accrue portée à notre environnement et aux défis écologiques majeurs auxquels tous les pays tentent de répondre aujourd'hui sont pris en compte dans cette reconquête. En effet, les aménagements entrepris réduisent la place de la voiture en développant de longues promenades et pistes cyclables le long des berges, créant des continuités avec les liaisons vertes conçus entre les jardins et parcs. L'élément eau est quand à lui aussi un élément majeur du projet également sur le plan environnemental. À l'heure du réchauffement climatique, il participe au rafraîchissement de la ville.

​

Cette reconquête n'est pas singulière à Lisbonne, mais est aujourd'hui un sujet pour de nombreuses villes Européennes comme à Paris ou Lyon avec le réaménagement des berges et le développement de nouvelles activités et évènements sur ces dernières.

​

​

 

 

Comment Lisbonne intègre les défis de la ville durable ?

​

C'est au sein de son plan directeur de développement approuvé en 1993, et plus particulièrement au sein d'un plan vert, que la ville de Lisbonne a entrepris une série de mesures répondant à de nouveaux objectifs environnementaux.

Ces mesures répondent donc aux défis qui sont communs aujourd'hui à toutes les capitales du monde, à savoir, l'amélioration de la qualité de l'air en milieu urbain, de la qualité de vie, du cadre urbain, la lutte contre les îlots de chaleur urbain, la réduction des consommations d'énergies, la production d'une énergie plus verte et respectueuse de l'environnement, la recherche d'une gestion performante des flux de déchets et du réemploi.

​

Ces trente dernières années, Lisbonne a perdu une grande partie de ses habitants, passés de 800 000 il y a trente ans à moins de 550 000 en 2010. ​La population a peu à peu diminué du fait notamment de la vétusté des logements, de leur inadaptation ainsi que de la détérioration de la qualité de vie et de l’espace public (bruit, pollution) et du manque d’espaces verts. Ainsi, l’aire urbaine métropolitaine à crû de manière significative provoquant notamment des embouteillages aux heures de pointe, la pollution et une ville qui se vide le soir.

​

C'est à travers ce plan vert que la ville a mis en place de nouvelles infrastructures vertes et solutions inspirées de la nature. Entre 2009 et 2017, environ 190 ha de nouveaux espaces verts ont été créés, répartis sur un total de 6 corridors verts. La création de serres au sein du Parc Eduardo VII, de fermes urbaines et de jardins partagés a permis d'offrir aux Lisboètes une meilleure qualité de vie mais aussi de sensibiliser la population aux défis environnementaux. 

​

Dans leur rôle de lutte contre le changement climatique, les espaces verts permettent de pallier la très forte propension aux inondations de la ville de Lisbonne, en permettant la rétention d’eau via des bassins de rétention des eaux de pluies intégrés à tous les parcs. Ils accueillent la biodiversité et agissent comme des îlots de fraîcheur. De plus, l’eau de la STEP est ré-utilisée pour arroser les jardins. La ville de Lisbonne tente de réduire sa consommation d’eau en utilisant de l’eau directement sortie de ses infrastructures de traitement.

La centrale de tri-génération instituée lors de l'exposition universelle de 1998 approvisionne tout le parc des Nations à partir de gaz naturel; ce dernier est utilisé pour produire trois énergies finales (le chaud, le froid et l'électricité). 

​

​

​

​

​